De la fin des années 1990 à aujourd’hui, nous avons été auxiliaires de vie pour l’intégration scolaire, employé·e·s de vie scolaire, puis auxiliaires de vie scolaire avec la loi du 11 février 2005 et enfin accompagnant·e·s des élèves en situation de handicap en 2014. Plusieurs décrets et circulaires viendront donner un cadre à nos missions et à nos contrats
jusqu’à celle du 5 juin 2019 qui, dans l’accumulation de ces textes réglementaires, doit être perçue comme une grande avancée selon le ministère. « Professionnalisation », « déprécarisation», « sécurisation », « revalorisation »… sont les mots clés du plan de communication du ministre Blanquer. Une question légitime se pose alors : qu’est-ce qui a changé ?
Nous sommes chaque année plus nombreuses·eux : désormais plus de 132 000. Nul·le ne peut désormais ignorer notre présence, nous nous sommes imposé·e·s dans les murs des écoles, collèges et lycées. Nous sommes indispensables : sans nous, l’école inclusive ne fonctionne pas. Depuis plus de 10 ans nous avons développé des compétences spécifiques en matière d’éducation, de pédagogie, d’adaptation. Pourtant, la désignation de notre travail, notre place, notre statut, tout participe à notre invisibilisation.
« On s’occupe de », nous sommes auxiliaires, accompagnant·e·s, aides. Ces termes nous placent dans une position accessoire et subalterne, à la place que l’on nous donne, pour
faire ce qu’on nous laisse faire.
Alors que les besoins sont en constante augmentation, les difficultés de recrutement sont prégnantes. Pour répondre aux besoins les académies mutualisent à outrance et les PIAL ont été déployés sur presque tout le territoire. On nous demande d'accompagner de plus en plus d'élèves pour de moins en moins d'heures, sur un territoire géographique étendu. Comment faire notre travail correctement lorsqu'on doit accompagner cinq élèves sur trois écoles différentes ? Nous pouvons disparaître du jour au lendemain. C’est la magie de notre statut, nous n’occupons pas un poste à titre définitif. Les PIAL nous font voyager contre notre gré.
Nous refusons d’être une main d’oeuvre bon marché et une variable d’ajustement de la politique d’école inclusive.